03 juin 2010

Le plate attire le fun

Je casse toujours les oreilles à mes héritières avec la même histoire quand elles ont de la peine.

"Je sais que tu trouves ça plate que je ne veuille pas que tu écoutes la télé jusqu'à 2 h du matin, mais crois-moi que demain, quand tu vas faire ton examen de maths, tu vas apprécier grandement que ta vieille mère t'envoie au lit plus tôt que tu ne le voudrais.""Oui, oui, c'est vrai que ce n'est pas drôle de devoir vider la litière de ton lapin. C'est vrai que c'est dégueu. Mais ce soir, quand tu te coucheras, tu apprécieras que ça sente bon dans ta chambre." Bref, à chaque truc moche qui se pointe dans leur vie, je leur explique qu'il y aura toujours, toujours quelque chose de positif qui se pointera tôt ou tard pour compenser.

C'est arrivé encore dernièrement. Filou n'a pas été invitée à la fête d'anniversaire de la copine de sa soeur Maxim. C'est qu'elle promettait cette petite boum : souper au resto et trempette dans le lac Brompton au clair de lune. Ensuite, dodo chez la copine et déjeuner aux gaufres ensevelies sous une tonne de fruits, de sirop d'érable et de crème anglaise. Même moi, j'étais un peu fru de ne pas avoir été invitée à cette fiesta.

Mais bon. Toujours est-il que ma Filou pleurait parce qu'elle n'avait pas reçu de carte d'invitation à son nom. Elle était inconsolable. Pis ce n'était pas mes paroles de maman fatigante avec sa psy bonbon à cinq cennes qui allait lui ramener un sourire dans la face.

C'est deux jours plus tard que ses Chiclets sont réapparues sur son dentier. "Filou, tu sais quand maman te dit qu'il y a toujours quelque chose de l'fun qui arrive après quelque chose de plate, est-ce que tu me crois?"

Elle me regarde avec un regard d'ado dont la mère lui tape royalement sur les nerfs et qui n'a qu'une seule envie : que se mère accouche au plus vite de son point afin qu'elle puisse aller chatter sur MSN avec l'univers entier tout en vidant le frigo.

"Bien aujourd'hui, j'ai eu un téléphone qui devrait te faire oublier que tu ne sois pas invitée à la fête de Florence."

Tranquillement, son air s'est radouci. J'imagine qu'elle a eu peur d'assister à un cours de psychologie alors qu'elle ne désirait qu'aller écouter Hannah Montana.

"Imagine-toi donc que Louis-Philippe (un ami de la famille) a acheté des billets pour le Canadien et que ses billets sont dans la zone familiale"

À partir de ce moment précis, des étincelles sont apparues dans ses yeux. Un sourire s'est dessiné sur ses lèvres. Elle attendait, fébrilement, la fin de ma phrase.

"Et quand tu achètes des billets dans cette zone, c'est obligatoirement un billet adulte et un billet pour un enfant de moins de 16 ans, ce que Louis-Philippe ne savait pas Et comme Louis-Philippe n'a pas d'enfant, il a pensé t'apporter avec lui. Qu'en dis-tu?"

Vous imaginez sa réaction? Bien, c'était dix fois pire! Elle hurlait de joie. Elle, au Canadien? Au match où tout le monde veut aller! Le rêve! Ma benjamine se pinçait partout pour s'assurer qu'elle ne rêvait pas. Elle m'a fait répéter au moins 14 fois l'histoire. Elle m'a fait jurer sur la tête de son père que je ne lui jouais pas de tour. "Mais maman, je ne serai pas capable de dormir ce soir!"

Effectivement, la poulette a eu bien du mal à trouver le sommeil ce soir-là. Et encore plus au retour du Centre Bell après la victoire de 5 à 1 du CH aux dépends des Flyers.

Une soirée inoubliable qui bat bien des soupers à la brasserie et des saucettes dans un lac.

"Et maman, maintenant, je vais toujours te croire quand tu vas me dire des choses."

Merci Louis-Philippe. Je t'en dois une.

Un coccyx qui fait mal pis une confiance oubliée dans l'auto

Je suis assise dans la salle d'attente d'échographie au CHUS. Un petit souci au niveau du placenta, vu à l'écho morphologique de 20 semaines, fait en sorte que la gynéco a demandé un écho de croissance pour s'assurer que la poulette qui nage dans ma piscine grossit bien.

Je suis assise sur une chaise inconfortable. Devant moi, un jeune couple avec des sourires Crest qui feraient baver d'envie n'importe quel publicitaire. J'ai l'impression qu'ils vont se débarquer la mâchoire tellement ils affichent un air heureux. On devine qu'ils viennent à la rencontre de leur premier bébé.Un autre couple arrive. Pis un autre. Ça n'arrête pas. C'est à croire que tous les couples du coin attendent le passage de la cigogne. Ça sent les hormones de femmes enceintes à 100 milles à la ronde. Pis tout le monde sourit. Tout le monde.

Je suis toujours assise sur cette chaise tellement pas confortable pis je commence à avoir mal au coccyx. L'horloge devant moi affiche 30 minutes de retard sur mon rendez-vous. Je soupire d'inconfort. Je vais m'informer à la réceptionniste qui m'informe que le rendez-vous de 14 h 30 n'est toujours pas passé. Ma voisine de chaise s'empresse de me dire qu'elle était prévue à... 14 h! Moi mon rendez-vous était à 14 h 45 et il est 15 h... Déprimant.

J'ai l'air d'être la seule qui trouve le temps long. Qui n'affiche pas un air d'enfant de quatre ans devant sa piste de course qu'il vient de déballer pour Noël.

À vrai dire, je me questionne. Qu'est-ce que je fous ici? Que suis-je sensée venir chercher?

J'ai l'impression de perdre mon temps.

Parce que je le sais que tout est A-1 derrière mon panneau de jeans. Je sais que la #3 se développe bien. Je le sais qu'il n'y a pas d'inquiétude à avoir. Je le sais. Je le sens.

Mon bébé bouge (trop) bien. Ma hauteur utérine est dans les standards. Tout le reste des examens est numéro 1 (pression, rythme cardiaque, etc.).

Alors pourquoi? Pourquoi j'angoisse avec cette foutue écho?

Pourquoi je remets dans les mains d'une gynécologue et d'une technicienne en radiologie toute ma confiance alors qu'au fin fond de moi, je sais que tout baigne?

Pourquoi je m'en fais de la sorte? Pourquoi j'imagine qu'un scénario d'horreur se dessinera obligatoirement sous mes yeux dès que la technicienne apposera son machin sur ma bedaine beurrée de gel conducteur? Pourquoi je pense déjà à ce que je ferais de mes deux autres filles advenant le cas que l'on doive m'accoucher sur le champ parce que ma #3 afficherait un possible retard de croissance? Pourquoi je m'imagine déjà en train de bercer mon bébé qui sera branché de partout en néonat?

Ridicule.

Complètement stupide.

Certains diront que c'est plaisant de voir des images de son héritier nageant dans sa piscine. Ça rend les choses plus concrètes diront d'autres.

Pas besoin de concret avec les coups qu'elle me donne aux hanches au milieu de la nuit. Pas besoin de concret avec le hoquet qu'elle a sans cesse.

Pas besoin de concret, les chiffres de la balance qui ne cessent de monter (visent-ils un record olympique?).

Je sais que j'ai un locataire dans le bide. Pas besoin de la tête à Papineau pour rendre ça concret!

D'autres diront qu'il vaut mieux prévenir que guérir. À ceux-là, je leur dis : "Peut-être. Mais toutes ces interventions médicales font en sorte d'énerver pour rien trop de futurs parents. Ça les incite à mettre leur pouvoir de parents, leur confiance en eux de côté au profit de machines qui se branchent dans le mur. Désolant."

Voulez-vous la meilleure? La poulette pèse entre cinq et cinq livres et demi, ce qui en ferait un bébé de plus de huit livres à la naissance. Possible retard de croissance, disions-nous ?

Je le savais que tout était parfait. La prochaine fois, je me ferai confiance et j'épargnerai à mon coccyx ces chaises tellement pas confortables.

Entre joie et anxiété

Elle est ambivalente la Geneviève. Ouep. À quatre semaines de quitter le boulot pour son congé de maternité, la Geneviève ne sais pas trop de quel côté pencher. De quel pied danser. À quel saint se vouer.

Est-elle contente?Ou est-elle anxieuse de quitter?

Je viens tout juste de remettre au patron les détails de mon congé. Et j'avoue que ça a fait drôle.

Étrange parce qu'il me semble que c'était hier que j'annonçais au patron qu'un #3 me poussait dans le ventre. Le temps fi le défi nitivement trop vite.

Étrange parce que j'étais complètement persuadée, à la minute même où Filou a lâché son premier cri, que plus jamais je ne porterais des jeans à panneaux. Alors loin de moi était l'idée de me retrouver en congé de maternité un de ces quatre.

Étrange de penser que c'est quelqu'un d'autre qui, dans les prochaines semaines, sera assis sur ma chaise. Qui écrira ici. Qui prendra ma place.

Dans une société où le boulot de maman n'est pas tellement valorisé et où la carrière l'est au cube, diffi cile de partir l'esprit tranquille. De partir aussi longtemps sans se questionner le moindrement. Oui, j'ai hâte de me reposer. De cuisiner des plats congelés pour l'après. De laver des cache-couches roses nanane. De passer des heures à fl atter ma bédaine et regarder pousser les nouvelles vergetures qui feront leur apparition. De lire des magazines de fi lles sans remords. De laver mon plancher à quatre pattes. De prendre de longs bains pour réduire les Braxton Hicks. À attendre que LE moment soit enfi n venu.

Mais j'ai peur. J'ai peur. J'ai peur.

Peur de ne pas aimer ma nouvelle vie. De m'emmerder à faire des ga ga ga à longueur de journée. De tourner en rond dans mon salon devant une pile de couches à laver. Je ne connais pas ça, moi, des congés de maternité interminables. Aux deux premières, je tentais de décrocher un diplôme.

Pis j'ai peur de perdre ma place au boulot. On a beau être en 2010. Avoir une loi protégeant les femmes enceintes. Savoir que les mentalités ont évolué depuis les 30 dernières années. Mais j'ai peur pareil.

Tout à coup que la personne qui me remplace soit meilleure que moi?

C'est poche, hein, comme réfl exion? Le boulot prend tellement de place dans nos vies que ça en devient diffi cile de tout quitter pour le plus important: nos enfants. Même si on sait que c'est là la clef du bonheur et non pas sur un talon de paye...

Peur que vous, lecteurs, m'oubliiez. Certains jours, je me fais des plans, des scénarios qui n'ont ni queue ni tête. "Chéri, que dirais-tu de prendre tout le congé parental à ma place? " "Bonjour, madame! Est-ce que votre garderie accepte les poupons de 18 semaines?" "Bébé #3, à trois mois, tu es maintenant assez grand pour t'occuper toute seule toute la journée pendant que maman va faire des entrevues téléphoniques et écrire des textes de la maison?"

Et combien on gage que lorsque mon congé sera terminé, je vais vouloir tuer pour rester à la maison avec mon #3? Qu'est-ce qu'on est mal faites pareil, nous les bonnes femmes. Elle n'est pas ambivalente la Geneviève. Elle est pathétique...

Le magasin de mamans

"Filou, admettons que tu irais dans un magasin de mamans. Et dans ce très, très grand magasin, qui est plus grand que le Maxi et le Wal- Mart ensemble, il y a toutes les mamans du monde. Il y a la maman de Mayra, la maman de Camille, la maman de Florence et aussi celle de Roxanne. Il y a des mamans qui veulent que leurs enfants se couchent très tard. D'autres qui sont d'accord pour que leurs petites filles mangent du chocolat avant le souper.

Puis il y a aussi des mamans qui croient que les devoirs ce n'est pas important. Il y également de très très belles mamans qui sont tellement gentilles et patientes. Qui acceptent sans rouspéter d'aller border leurs poulettes avant le dodo. Qui font des soupers délicieux sans légumes verts et viande-trop-dure-à-mâcher. Qui disent toujours oui pour aller jouer au parc. Qui n'obligent pas leurs enfants à mettre la table ou à vider le lave-vaisselle.Dis-moi, Filou, laquelle choisirais-tu?"

Chaque fois, c'est le même manège. Elle prend un air sérieux et elle réfléchit longuement à la question. "Mais est-ce qu'il y a une mère qui ferait du spaghetti à tous les jours? Qui ne m'obligerait pas à prendre mon bain chaque soir? Qui voudrait m'acheter tous les Pets Shop que je veux?"

Je la comprends de questionner. C'est bien même qu'elle ait tous les atouts en main avant de prendre une décision. Elle continue sa réflexion.

"Oui, oui, il y a tout ça!"

"Maman, est-ce que j'ai assez d'argent pour en acheter deux mamans?"

"Non ma poulette, tu ne peux en choisir qu'une seule." J'attends, fébrile, sa réponse. Une réponse qui ne vient pas très vite.

"Dans le magasin de mamans, est-ce qu'il y a la maman de Mathys?"

"Oui Félixe, TOUTES les mamans du monde y sont. Laquelle choisis-tu?"

Et là, elle me regarde, avec ses petits yeux remplis de taquineries, et me dit: "Bien voyons, c'est toi que je choisirais!" avant de s'élancer dans mes bras pour me faire le câlin du siècle.

"Est-ce que tu es certaine? Parce que dans ce magasin, il semble y avoir des super mamans, non?"

Elle part à rire. "Voyons maman! Tu es la seule que je veux! Les autres, pffff!"

Quand j'ai besoin d'un boost d'égo maternel, je joue à ce jeu avec Filou. C'est très manipulateur de ma part, mais ç'a l'avantage de nous faire rire et de me faire croire que je suis la meilleure mère au monde pour ma fille.

Je sais bien qu'à son âge, elle n'a pas encore le recul nécessaire pour déterminer si je remplis bien mon boulot de maman, mais bon, je prends le compliment pendant qu'il passe. J'ose espérer, qu'un jour, elle sera véritablement fière de sa mère et pas seulement parce qu'elle fait une super sauce à spagh.

"Maman, mettons que tu allais dans un magasin de petites filles. Tu sais, un magasin gros comme tout le Carrefour de l'Estrie et que toutes les petites filles de huit ans y seraient. Laquelle tu choisirais pour apporter à la maison?"

Je ne prends même pas la peine de réfléchir. "C'est sûr que c'est toi que je mettrais dans le panier Filou!"

"Es-tu certaine maman?"

"Sans aucun doute!"

"C'est parce la petite fille que tu as choisi ne met pas la table et ne vide pas sa boîte à lunch quand elle revient de l'école. J'espère que ça ne te dérange pas trop"

Ouais Je pense que je viens de me faire avoir à mon propre jeu! Bonne fête des mères à toutes!

Ma grossesse va vraiment bien sauf que...

Chaque jour, je réponds au moins 44 fois à cette question : "Et puis, ta grossesse, ça va?"

Et chaque fois, j'ai la même réponse à fournir : "Oui, vraiment. Tout va comme sur des roulettes."C'est vrai pareil. Je n'ai pas de complications. Pas de diabète de grossesse. Pas de décollement placentaire. Pas de menace de travail prématuré. Pas de pré-éclampsie. Une bonne hémoglobine. Une belle pression. Pas de vomissements en début de grossesse. Un bébé en santé. Pas de siège à l'horizon. Et pourtant...

Ça va bien, mais pendant les trois premiers mois, j'ai négligé ma famille tant j'étais fatiguée. Souvent, j'arrivais du boulot et je foutais un plat surgelé dans le four et j'allais au lit jusqu'au lendemain matin. Qu'ils s'arrangent avec leurs troubles que je lançais intérieurement à l'amoureux et aux poulettes. Les midis, je m'éclipsais à l'infirmerie du boulot pour piquer un petit somme. Une zombie. Une vraie loque humaine.

Tout va bien, mais j'ai perdu 15 livres tellement j'ai eu mal au coeur en début de grossesse. Rien ne réussissait à passer dans mon gorgoton. Les pantalons devenus trop grands ont dû être remplacés par d'autres qui sont devenus trop petits dans le temps de le dire.

Ça va bien, mais j'ai eu de terribles maux de tête vers 15-16 semaines de gestation. Tellement que j'ai dû consulter. Les 1000 mg de Tylenol aux quatre heures que je prenais ne faisaient absolument rien. La doc a conclu à un déplacement d'une vertèbre cervicale. La raison? Incapable de dormir sur le ventre, je devais m'habituer à dormir autrement, ce qui a occasionné cette douleur. Huit traitements d'orthothérapie et de massothérapie plus tard, je peux laisser la codéine tranquille dans la pharmacie.

Ça va bien, mais depuis que mon test de grossesse a affiché un +, je ne cesse d'avoir des vaginites. C'est connu, les vaginites adoooooorent les madames enceintes et moi, je ne suis pas l'exception qui confirme la règle. Combien de tablettes de pharmacie ai-je vidées avant d'en voir le bout? Vous n'avez pas idée. C'est finalement les 140 $ dépensés en produits naturels (de l'huile de bourrache, du HRC-P et des probiotiques pour celles qui sont dans le même pétrin) qui ont mis fin au calvaire qui se déroulait dans mes bobettes depuis trop longtemps.

Ça va bien, mais depuis quelques semaines, je dois dormir avec des attelles aux mains tellement mes tunnels carpiens me font de la misère. Un matin, je me suis levée avec la main droite tellement enflée et engourdie que j'étais incapable de la fermer. Pas très pratique pour une journaliste qui passe sa journée à écrire. Ça va super bien, mais j'avoue que me faire réveiller à 4 h du matin par un estomac qui crie famine, ça dérange. Surtout après le troisième ou le quatrième pipi-stop de la nuit.

Ça va super bien, mais la fille qui courait 40 km par semaine jusqu'à avant Noël est déprimée seulement à l'idée de monter à l'étage dans sa maison. Je suis certaine que l'Everest représente moins de boulot à gravir pour les marcheurs que ces 14 marches pour moi. Quand j'arrive en haut, je suis essoufflée comme si j'avais sprinté sur une distance de quatre kilomètres.

Ça va bien, mais mon poids m'angoisse. Ma dernière, avec ses 10,8 livres et les impacts qu'elle a laissés sur mon body, m'a traumatisée. Alors j'ai peur. J'ai peur du chocolat qui me crie après tout le temps pour que je le mange. Je suis effrayée par l'appel de la crème glacée qui me poursuit partout. J'ai peur des chiffres qu'affiche la balance. J'en fais une véritable obsession.

Ça va super bien, mais dès que je bouge un tant soit peu, je contracte. Je m'assois dans l'auto, je contracte. Je me lève de l'auto, je contracte. Je regarde la télé, je contracte. Je mange, je contracte. Je regarde dehors, je contracte. Je contracte tout le temps. Tout le temps. Tout le temps. C'est pas le fun, je vous le dis.

Ça va super bien, mais mes ligaments situés sur le devant de mon globe-terrestre me donnent de la misère. Ils ont de la difficulté à s'étirer et m'empêchent de marcher longtemps, de me tourner dans le lit, de vider le lave-vaisselle, d'étendre sur la corde à linge sans crier au meurtre.

Mais à part ça, ma grossesse va vraiment, mais vraiment bien!

Éloi, Rose-Alice et les caprices

Il y avait du monde à la messe dimanche. La maison était pleine à craquer. Mais même s'il y avait plein d'amis et de membres de ma famille chez moi, c'est surtout pour Éloi et Rose-Alice que la plupart des paires d'yeux présents ont craqués.

Éloi, c'est mon filleul de onze mois. Rose-Alice, c'est la poupoune de 13 mois de mon amie Élise.Difficile de rivaliser avec eux pour attirer l'attention, même avec mon énorme globe-terrestre que je cache sous mon t-shirt.

Avec leurs yeux enjôleurs, leurs sourires craquants, leurs minois qui feraient fondre n'importe quelle banquise du Groenland, le duo Éloi-Rose-Alice n'est pas passé inaperçu lors de son séjour dans mon salon.

Et ce n'est pas pour les crises de larmes ou parce qu'ils ont tout détruit sur leur passage que nous avions continuellement nos barniques pointées vers eux.

Pentoute. C'était tout le contraire!

Même Amélie n'en revenait pas. "Mais ils sont donc ben gentils. Ils sourient tout le temps!"

C'est vrai qu'ils sont adorables ces poussins. Jamais je ne les ai entendus pleurer. Jamais. Jamais. Depuis leur naissance qu'ils sont heureux ces mômes.

Ç'a toujours un sourire de scotchtapé dans la face ces bébés-là, ce n'est pas mêlant. Toujours prêts à nous montrer leur dentier de deux quenottes et à tendre les bras à tous ceux qui ont envie d'un câlin.

Bref, ils sont irrésistibles. Si on pouvait en acheter des pareils au magasin, ce serait deux modèles qui feraient fureur.

Et Amélie qui disait sans cesse qu'ils étaient adorables. C'est que les référents de la copine en matière de bébés se résument en poupons qui hurlent à la moindre contrariété. Qui refusent de dormir la nuit. Qui passent leur temps sous les jupes de leur mère.

Je lui ai donc soumise ma théorie à cinq cennes.

"Éloi et Rose-Alice sont deux bons exemples qu'il faut répondre aux besoins d'un bébé. S'il pleure, c'est qu'il y a un problème à régler. Et leurs parents ont toujours répondu présent quand leur rejeton leur signifiait que ça n'allait pas. Comme ces bébés savent que maman ou papa ne sont jamais très loin, ils débordent d'assurance."

"Ouais... mais les caprices?"

Les caprices... Je déteste ce mot. C'est laid et surtout inutile.

"Un bébé, ça n'a pas de caprice. C'est trop niaiseux pour en avoir. S'il pleure, c'est qu'il y a quelque chose qui cloche, qui ne tourne pas rond. Il a faim. Il a froid. Sa couche est pleine. Il a soif. Il a chaud. Il est triste."

D'autres se sont mêlés à la conversation quand j'ai dit qu'un bébé qui pleurait pouvait être triste et qu'il avait le droit de vouloir se réfugier dans les bras de sa mère. Qu'il ne fallait pas capoter et que c'était un bon départ vers les caprices.

Là, j'ai bondi. Qui a décidé qu'un jour un poupon qui est triste n'a pas le droit d'être consolé? Que ce besoin était moins important que celui d'être alimenté? Ce n'est pas un peu ridicule comme analyse? OK bébé, maman est là pour te nourrir, mais pour le reste, arrange-toi avec tes troubles. Avec tes trois mois de vie, tu es supposé être capable de te débrouiller seul? Hein?

Notre génération est en pleine confrontation avec celle de nos parents qui nous laissaient pleurer entre les boires parce que c'était aux quatre heures qu'il fallait donner un biberon. Mon père se fout encore de ma gueule parce que j'ai allaité Filou pendant près d'un an, un temps qu'il jugeait olympique. On m'a jugée souvent parce que j'ai dormi avec mes enfants quand ils étaient minuscules. On m'a souvent dit que j'allais donner des mauvais plis à mes filles parce qu'elles étaient souvent dans mes bras.

Est-ce que mes enfants sont capricieux aujourd'hui? Pentoute. Au contraire! Elles foncent dans la vie avec assurance et confiance. Pas de crise si elles doivent dormir ailleurs. Pas de craintes lorsqu'elles se retrouvent dans une nouvelle situation.

Et Éloi et Rose-Alice sont deux autres preuves de ma théorie psycho-bonbon. Que je ne t'entende plus dire ce mot-là, Amélie. Les caprices, à la poubelle!

L'homme de ma vie?

L'homme de ma vie?

En êtes-vous certain? Sûr sûr sûr là?Êtes-vous convaincu hors de tous doutes que le monsieur ou la madame qui dort à vos côtés sera encore là dans un an, dans cinq ans, dans cinquante ans?

Est-il l'homme de votre vie? Ou bien celle que vous avez attendue toute votre vie?

C'est à ses côtés que vous voulez laver vos dentiers? Manger du mou? Ou magasiner vos culottes d'incontinence?

Vous l'espérez fortement peut-être, mais comment en être certain si personne ne sait de quoi demain sera fait? Nous changeons tous. Nos intérêts changent. Nos aspirations changent. Et pas tous au même rythme. Normal que l'on se perde un moment donné.

Déprimant constat, non?

Malgré tout, je reste persuadée que des gens sont faits pour aller ensemble toute leur vie. Que quoiqu'il arrive, ils trouveront en eux la force nécessaire pour passer au travers les ouragans. Marie-Christine et Édouard sont de ceux-là.

Quand je les ai vus se dire "oui", je savais que jamais ma collègue ne m'annoncerait qu'elle magasine un avocat spécialisé en divorce.

Pourquoi? Je ne sais pas. Feeling.

Dans une autre vie, je croquais sur pellicule des mariages. J'ai immortalisé une trentaine de "oui je le veux" en tout. Chaque fois, je me faisais un pari intérieur. Vont-ils passer au travers la barrière du temps?

Me suis trompée souvent. Certains n'ont même pas célébrer leur premier anniversaire. Pourquoi? Bonne question. Si on leur demandait, sûrement qu'eux non plus ne le savent pas.

C'est la vie.

La vie qui fait son chemin. Qui laisse sa trace. Qui nous amène ailleurs.

Est-ce un drame? Une tragédie? Je ne crois pas.

Pourtant, on nous effraye souvent avec des statistiques alarmistes. Tant de divorces au Québec. Tant de familles monoparentales. Tant de célibataires.

Et pis?

Ça change quoi au fond?

À quoi bon rester ensemble si l'harmonie n'y est plus? Si les conflits sont devenus la norme? Si être à la maison est synonyme de séjour dans un camp de concentration?

Parce qu'un jour on a juré devant Dieu? Pour les enfants? Par lâcheté? Par sécurité? Pour honorer nos responsabilités? Par peur?

Ridicule.

Complètement ridicule.

J'aime penser que l'amoureux ronflera encore longtemps longtemps dans mon dos la nuit. J'aime imaginer que l'on bercera nos petits-enfants ensemble dans notre quatre et demi carreauté. J'aime l'idée que l'on signera ensemble un bail aux Résidences Soleil.

Mais je sais que si un jour, il devient adepte du sadomasochisme, s'il devient membre des Raëliens, si l'héroïne devient sa meilleure amie, s'il a élu domicile sur son divan et n'en bouge plus que pour aller faire pipi, je sais que je ne voudrai plus l'entendre ronfler dans mon dos.

Est-ce que ça sera un drame? Non.

Ni pour moi. Ni pour lui. Ce seront peut-être des moments difficiles, mais pas dramatiques. Personne n'en mourra.

Parce qu'avant d'être un couple, nous sommes des personnes. Des entités distinctes. Qui évoluent. Changent. Des humains qui ont droit au bonheur même si un contrat de mariage les lie. Même s'ils ont signé une hypothèque sur 25 ans. Même si des rejetons courent entre leurs jambes.

Parce que vaut mieux des divorcés heureux que des mariés malheureux pour voir des sourires sur ses petits poulets.

L'amoureux, les hormones et le nid

 L'amoureux me trouve un brin excessive ces jours-ci.

Je ne sais pas où il peut avoir pêché une telle chose.

Ce n'est pas parce que je projette de peinturer la chambre de ma future poulette, de faire tout le lavage-séchage-sur-la-corde-à-linge-et-pliage de la maisonnée, de frotter les planchers à quatre pattes, de faire le ménage du frigo de fond en comble, de trier les vêtements qui ne font plus aux filles, d'aller acheter ce qu'il me manque pour l'arrivée de la petite demoiselle, de cuisiner des biscuits choco-gruau, deux pains aux courgettes et un rôti de boeuf à la moutarde et tout ça dans la même journée, que l'on peut me qualifier d'excessive.Franchement. Il s'énerve pour un rien lui.

Pis pour être honnête, ça m'écoeure en sale que les journées n'aient que 24 heures. Parce que j'aurais voulu installer les moulures dans la chambre de bébé # 3, monter sa table à langer et laver tous ses petits pyjamas pour ensuite les placer dans sa commode.

J'aurais eu aussi assez d'énergie pour faire apprendre les tables de multiplications de Filou jusqu'à 18. Pour remettre un peu d'ordre dans le garde-robe d'entrée et pour remplir mon congélo de plats tout prêts pour les soirées où j'ai envie de faire la grève du four.

"Chéri, tu voudrais m'aider à monter le trampoline. C'est une belle journée pour ça, non?"

Lui, il croule sous une pile de productions écrites à corriger (il est prof de français au secondaire). Que mes filles puissent sauter au soleil aujourd'hui, c'est le cadet de ses soucis. Alors, vous imaginez le regard qu'il m'a lancé?

"Ge, ça ne te tente pas de relaxer un peu? D'écouter la télé, d'aller prendre un bain, d'appeler Dany. Je ne sais pas moi, mais quelque chose qui te permettrait de te reposer."

Euh... non! Pas l'ombre d'une envie. Mais surtout pas le temps. Tu parles d'une idée!

Cette volonté de tout astiquer, de tout ranger, de tout préparer m'obsède complètement. Il ne peut pas comprendre ça, lui. C'est un homme. Avec tout ce que ça comporte. Lui, il ne pense qu'à sa pile de correction. Que sa fin d'étape qui approche. Et qu'il doit remettre ses notes de bulletin au pc. Il ne voit pas tout le boulot qu'il reste accomplir. Tout ce qu'il faut faire avant le jour J. Tout ce qu'il faut prévoir pour l'arrivée de Boum Boum.

Voyez, là, j'écris ma chronique et j'ai la forte impression de perdre mon temps. Parce qu'à la place d'être assise bien tranquillement devant mon ordi à laisser mes doigts pianoter sur mon clavier, je pourrais installer le luminaire dans la chambre du bébé. Je pourrais aller faire l'épicerie pour les six prochains mois. Je pourrais passer l'aspirateur dans ma voiture.

"Mais qu'est-ce qu'il se passe avec toi, chérie?", me demande-t-il, inquiet, devant ma panique du peu-de-temps-qu'il-nous-reste.

Et voilà, je pète les plombs devant son insensibilité face à mon sentiment d'urgence. Devant sa nonchalance envers ma liste longue de six pieds.

"Hé! Il nous reste QUE 13 semaines pour TOUT faire. On n'y arrivera pas si on ne s'y met pas maintenant. Là. Tout de suite. Right fucking now. Parce qu'on pourrait avoir l'air fin en sale quand la petite va arriver et que son lit sera encore en morceaux dans la remise. On va la coucher où, hein? Dans un tiroir?"

"Mais Ge, c'est quand même trois mois ça. Trois très longs mois. Ça ne prend pas trois mois pour monter une bassinnette. Je n'en ai jamais montée, mais il me semble qu'on doit bien avoir assez d'un après-midi pour faire ça, non?"

Vous reconnaissez ici les caractéristiques du mâle typique: minimiser les problèmes gigantesques de leur conjointe adorée.

C'en était trop pour la très enceinte fille que je suis. Je l'ai laissé à son stylo rouge en me disant: "Tant pis, je vais me démerder toute seule." J'ai foutu une brassée de serviettes dans la laveuse, j'ai peinturé les moulures de la chambre et j'ai boudé tout la fin de semaine devant le peu de compréhension de l'amoureux.

Alors, voilà, mon homme a appris une nouvelle expression ce week-end: faire son nid.

Et il a également appris qu'il ne faut jamais pousser une fille enceinte à bout...

Patience, chéri, il te reste trois loooooongs mois à m'endurer!

Mot du jour : kamikaze

Chaque matin, c'est la même histoire. Maxim n'a pas encore les deux pieds dans l'auto que déjà je l'entends chialer. "Ah maman, change ça de poste. Mets donc de la musique!"

Et chaque matin, je lui répète la même chose: "Non, le matin, ce sont les nouvelles qu'on écoute. Point à la ligne. Si tu n'est pas contente, tu peux marcher pour aller à l'école."J'imagine que les dix kilomètres nous séparant de l'école la convainquent chaque jour de rester à bord et d'endurer "la-radio-plate-que-sa-mère-écoute-chaque-foutu-matin".

Elle chiale ma grande parce qu'elle dit qu'elle aimerait beaucoup mieux entendre Keisha avant de se farcir une autre journée assise à un pupitre. Mais je la soupçonne plus de bougonner pour la forme. Parce qu'une pré-ado qui se vante auprès de sa gang qu'elle aime bien mieux analyser la dernière crise politique en Israël que de se dandiner sur Lady Gaga, ça doit être assez rare...

Pourtant, chaque fois, c'est la même histoire. Elle fait semblant d'être outrée, mais elle écoute ce que les journalistes ont à raconter. Puis, la discussion commence.

"Maman, je n'ai pas bien compris. C'est quoi au juste un kamikaze?"

Ça, c'était tantôt. On venait de rapporter les attentats meurtriers dans le métro en Russie. Pour bien comprendre l'ampleur de la catastrophe, il manquait une définition dans son vocabulaire.

"Un kamikaze, c'est une personne qui se tue pour une cause. C'est comme si toi, parce que tu es fatiguée d'apprendre le violon, tu décidais de te faire exploser dans la classe de musique de l'école. Après, tous les journalistes du monde entier parleraient de toi, de ton acte et toutes les autorités de l'éducation se questionneraient sur la pertinence de donner des cours de violon à des enfants de sixième année."

Moment de silence. Malgré que je pense entendre son petit hamster courir dans son ciboulot.

"Ouin. Mais ce n'est pas un peu stupide? Si je me fais exploser pour qu'on arrête de me donner des cours de violon, je ne serai plus là de toute manière pour voir si on en donne encore ou non. En tout cas, moi, je ne ferai jamais ça."

C'est sûr que je n'avais pas pris le meilleur des exemples. Personne dans l'univers ne se ferait sauter la cervelle sous prétexte qu'il faut absolument cesser d'apprendre ce difficile instrument à cordes à des enfants de 11 ans.

"Alors, tu t'imagines comment ces personnes croient fort en leurs idées? Comment elles sont déterminées à aller au bout des choses et à faire avancer leurs projets? Faut que tu sois vraiment, mais vraiment certain de ce que tu fais pour donner ta vie pour la cause que tu défends, tu ne crois pas?"

Elle était loin d'être convaincue la poulette. "En tout cas, moi, je ne ferai jamais ça", m'a-t-elle répété très fermement.

Sincèrement, je l'espère aussi. La discussion a continué, au fil des lumières rouges pour prendre une autre tangente. "Crois-tu, Max, qu'il y ait d'autres façons de donner sa vie pour une cause que tu défends?"

Elle ne comprenait pas. "Penses-tu que, moi par exemple, je suis un peu une kamikaze?" "Hein? As-tu envie de te tuer, maman?", m'a-t-elle demandé, très inquiète.

"Non, non, ne panique pas! Je dis ça dans le sens que tous les jours, je te donne ma vie. Tu sais, si tu n'étais pas là, je ne penserai à personne d'autre qu'à mon petit nombril. Parce que chaque jour, une grande partie de ma vie t'est destinée, t'est offerte. Je te prépare ton déjeuner, je t'aide à te peigner les cheveux, je te donne un coup de pouce avec tes devoirs, je m'assure que tu aies une bonne nuit pour que tu réussisses bien à l'école. Je te chicane quand tu fais une niaiserie. Tout ça en lavant tes bobettes, en te planifiant un bon lunch pour demain, en m'assurant que tu sois bien propre et que tu t'éveilles au monde qui t'entoure. Vraiment, ma vie serait plus simple si tu n'y étais pas. Qu'en penses-tu? Suis-je une kamikaze?"

Je n'ai pas pu entendre sa réponse. La cloche a sonné comme nous venions d'arriver dans la cour d"école. Mais notre petite route quotidienne côte à côte aura été tout de même profitable. Elle aura enrichi son vocabulaire et peut-être aura-t-elle réalisé un tout petit peu ce qu'une mère doit faire pour son rejeton.

Mais peu importe, je sais que trop bien que demain, elle me redemandera de tourner la radio jusqu'à ce qu'elle entende les Black Eyed Peas.

Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?

Sais pas ce qu'il se passe avec ma Filou ces jours-ci, mais j'ai véritablement l'impression de revivre ses trois ans alors qu'elle avait constamment une question à la bouche. Elle était haute comme trois pommes et n'arrêtait pas deux secondes.

"Maman, pourquoi tu mets le lait dans le frigo?""Maman, pourquoi tu laves la vaisselle?"

"Maman, pourquoi il faut mettre une tuque?"

"Maman, pourquoi tu travailles?"

"Maman, pourquoi on n'appelle pas ça un coulard un foulard, ça va dans le cou pourtant?"

"Maman, pourquoi Caillou ne joue pas à la télé tout le temps?"

Je m'arrête ici parce que je pourrais noircir le journal au complet avec les questions qu'elle a pu me poser à cette époque. C'était toujours sans fin. Interminable. Elle questionnait tellement tout le temps que lorsque je la voyais commencer à parler, je me sauvais pour me cacher dans le fond de ma garde-robe afin de m'épargner quelques "pourquoi?".

Mais on n'apprend pas à un singe à faire des grimaces pas plus qu'on apprend à un enfant de trois ans à jouer à la cachette. Alors, ça n'a pas été trop long que ma poulette a trouvé ma mon repère secret: "Maman, pourquoi te caches-tu dans la garde-robe?"

Quelques temps plus tard, ça été: "Maman, pourquoi es-tu couchée sous le lit?" "Maman, que fais-tu dans la douche toute habillée?" "Maman, pourquoi tu ne mets pas tes bottes dehors? Tes pieds, ils vont geler en pantoufles dans la neige."

Il n'y a rien qui venait à bout de ses questions. Rien. Rien. Rien.

"Pourquoi mets-tu le lait dans le frigo maman?"

"Parce que le lait, ça doit rester au froid."

"Mais pourquoi ça doit rester au froid?"

"Parce que sinon, il ne sera plus bon?"

"Et ça goûte quoi du lait pas bon?"

Voyez le genre? Je pouvais en avoir pour des heures à répondre à ses foutus pourquoi. Tout était prétexte à une question. Tout ce qu'elle voyait amenait une ou 100 questions.

Le "Terrible Two" ou le "Fucking Four", ça été de la petite bière chez moi. Mais la période du pourquoi a été longue, longue, longue. I N T E R M I N A B L E !

Et voilà que ça recommence. Sauf que maintenant, ses interrogations sont beaucoup plus poussées et me demandent encore plus de connaissances. Et qui, une fois sur deux, démontrent mes fai-blesses. Me font passer pour une vraie tarte, quoi! Un exemple?

"Maman, explique-moi pourquoi il y a trois sortes d'essences à la station service."

Euh...

"Maman, à quoi ça sert les impôts?"

Yes! Une question facile! "C'est de l'argent que l'on donne au gouvernement pour payer les médecins, les professeurs, les policiers."

"Ok, mais pourquoi le gouvernement toi, il t'en donne des impôts?" (Lire ici: j'attends un remboursement d'impôt.)

"C'est parce que maman en a trop payé dans l'année, tout simplement." (Vais-je m'en sortir aussi facilement?)

"Ah ok! Je comprends. C'est le gouvernement qui paye les journalistes comme les médecins?"

"Euh... non pas du tout. C'est qu'à chaque semaine, sur la paye de maman, le gouvernement prend des sous. Mais il arrive qu'à la fin de l'année, il en ait trop pris. Il me le redonne donc."

"Mais maman, il me semble que ça fait peur un gouvernement qui ne sait pas compter!"

Soupir.

Là, je vous épargne les détails entourant les questions concernant la conception de la nouvelle petite soeur, celles sur le tremblement de terre en Haïti, celle sur le fonctionnement de l'Internet...

Rassurez-moi. Est-ce que ça va durer encore longtemps?