24 mars 2010

Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi?

Sais pas ce qu'il se passe avec ma Filou ces jours-ci, mais j'ai véritablement l'impression de revivre ses trois ans alors qu'elle avait constamment une question à la bouche. Elle était haute comme trois pommes et n'arrêtait pas deux secondes

"Maman, pourquoi tu mets le lait dans le frigo?"

"Maman, pourquoi tu laves la vaisselle?"

"Maman, pourquoi il faut mettre une tuque?"

"Maman, pourquoi tu travailles?"

"Maman, pourquoi on n'appelle pas ça un coulard un foulard, ça va dans le cou pourtant?"

"Maman, pourquoi Caillou ne joue pas à la télé tout le temps?"

Je m'arrête ici parce que je pourrais noircir le journal au complet avec les questions qu'elle a pu me poser à cette époque. C'était toujours sans fin. Interminable. Elle questionnait tellement tout le temps que lorsque je la voyais commencer à parler, je me sauvais pour me cacher dans le fond de ma garde-robe afin de m'épargner quelques "pourquoi?".

Mais on n'apprend pas à un singe à faire des grimaces pas plus qu'on apprend à un enfant de trois ans à jouer à la cachette. Alors, ça n'a pas été trop long que ma poulette a trouvé ma mon repère secret: "Maman, pourquoi te caches-tu dans la garde-robe?"

Quelques temps plus tard, ça été: "Maman, pourquoi es-tu couchée sous le lit?" "Maman, que fais-tu dans la douche toute habillée?" "Maman, pourquoi tu ne mets pas tes bottes dehors? Tes pieds, ils vont geler en pantoufles dans la neige."

Il n'y a rien qui venait à bout de ses questions. Rien. Rien. Rien.

"Pourquoi mets-tu le lait dans le frigo maman?"

"Parce que le lait, ça doit rester au froid."

"Mais pourquoi ça doit rester au froid?"

"Parce que sinon, il ne sera plus bon?"

"Et ça goûte quoi du lait pas bon?"

Voyez le genre? Je pouvais en avoir pour des heures à répondre à ses foutus pourquoi. Tout était prétexte à une question. Tout ce qu'elle voyait amenait une ou 100 questions.

Le "Terrible Two" ou le "Fucking Four", ça été de la petite bière chez moi. Mais la période du pourquoi a été longue, longue, longue. I N T E R M I N A B L E !

Et voilà que ça recommence. Sauf que maintenant, ses interrogations sont beaucoup plus poussées et me demandent encore plus de connaissances. Et qui, une fois sur deux, démontrent mes fai-blesses. Me font passer pour une vraie tarte, quoi! Un exemple?

"Maman, explique-moi pourquoi il y a trois sortes d'essences à la station service."

Euh...

"Maman, à quoi ça sert les impôts?"

Yes! Une question facile! "C'est de l'argent que l'on donne au gouvernement pour payer les médecins, les professeurs, les policiers."

"Ok, mais pourquoi le gouvernement toi, il t'en donne des impôts?" (Lire ici: j'attends un remboursement d'impôt.)

"C'est parce que maman en a trop payé dans l'année, tout simplement." (Vais-je m'en sortir aussi facilement?)

"Ah ok! Je comprends. C'est le gouvernement qui paye les journalistes comme les médecins?"

"Euh... non pas du tout. C'est qu'à chaque semaine, sur la paye de maman, le gouvernement prend des sous. Mais il arrive qu'à la fin de l'année, il en ait trop pris. Il me le redonne donc."

"Mais maman, il me semble que ça fait peur un gouvernement qui ne sait pas compter!"

Soupir.

Là, je vous épargne les détails entourant les questions concernant la conception de la nouvelle petite soeur, celles sur le tremblement de terre en Haïti, celle sur le fonctionnement de l'Internet...

Rassurez-moi. Est-ce que ça va durer encore longtemps?

18 mars 2010

Et si j'étais la suivante?

Je ne connais pas vraiment Geneviève. Pour ne pas dire pas du tout. Je ne l'ai jamais rencontrée. Je n'ai aucune idée de quoi elle a l'air. Jamais parlé au téléphone. Jamais chatté sur MSN.

Pourtant, deux fois par mois, elle m'invite dans son univers. Invitation que j'accepte toujours avec joie. Parce que même si le monde de Geneviève est très particulier, j'adore y pénétrer même si j'ai toujours un peu la chienne de ce que je vais y lire. Et s'il était arrivé quelque chose?

Geneviève, c'est l'une des nombreuses mères qui avaient répondu à ma chronique sur les bonnes mamans. Elle m'avait écrit un très long courriel dans lequel elle m'expliquait pourquoi elle n'était pas une mère indigne.

C'est la réponse qui m'aura le plus bouleversée.

Et depuis, elle donne des nouvelles. De temps à autres. Quand il y a du nouveau dans le dossier Lauralie. Pour nous montrer de nouvelles photos de sa poulette. Nouvelles que je m'empresse toujours de lire rapidement avec les doigts croisés que tout aille bien pour elle. Pour eux.

Lauralie, c'est sa petite puce qui vient tout juste de souffler sa première chandelle... aux soins intensifs de la pédiatrie du CHUS. Depuis un calendrier complet qu'elle se bat pour apprendre à respirer d'elle-même parce que Lauralie est née avec de petits poumons avec des défauts de fabrication.

Pourtant, même si elle avait une liste longue comme ça de trucs pour chialer ou pleurer, les courriels de Geneviève sont toujours remplis de soleil. Jamais négatifs. Jamais tristes. Jamais paniqués.

Elle a ce don, Geneviève, de nous faire ressortir le positif de cette situation tellement angoissante, tellement injuste. Elle qui pourrait tellement verser dans le désespoir. La dépression.

J'en jasais d'ailleurs avec l'amoureux, hier soir, après avoir vu de nouvelles photos de la belle Lauralie. Je lui racontais sa sortie imminente de l'hôpital et l'angoisse de Geneviève qui devra apprendre à vivre avec le respirateur et le nez artificiel de sa petite puce qui peut sonner l'alarme à tout instant. Mais je lui disais surtout la joie qu'elle avait d'enfin pouvoir admirer sa fille dormir dans son lit bientôt, de découvrir son chez soi, de se promener en poussette ailleurs qu'autour de l'hôpital.

Et puis, je me suis demandé pourquoi. Pourquoi elle? Est-ce que Geneviève a fait quelque chose de mal pour se retrouver avec une petite avec de si graves problèmes? A-t-elle mangé des sushis enceinte? A-t-elle fait du ski? A-t-elle bu du Coke?

Je sais bien que non. Je suis persuadée que Geneviève a tout fait ce qui était en son pouvoir pour que son bébé soit le plus en santé possible. Et pourtant, sa poulette ne l'était pas. Pourquoi alors? Pourquoi a-t-elle gagné à cette loterie des plus moches?

Et qu'est-ce qui nous dit que je ne serai pas la prochaine à empocher le gros lot des intubations, des médicaments, des rondes de médecins et spécialistes qui défilent devant Boum Boum? Qu'est-ce qui dit que dans la distribution des billets "Enfants malades", je ne suis pas la prochaine dans la file d'attente?

Questionnements que l'amoureux a balayés du revers de la main (vous connaissez les hommes...). "Chérie, je sais que notre fille est en santé. Arrête de t'inquiéter."

Vlan! Fin de la discussion.

Si c'était si simple... "Ouais, mais mettons que tu te trompes et que notre petite poulette en construction, ben, il lui manque des morceaux, on va faire quoi? On va la retourner au magasin en invoquant la garantie?"

Silence radio. Puis après quelques secondes, il s'est ressaisi. "Ge, arrête de t'en faire. Tu ne peux pas rien contrôler. Et si notre petite n'est pas en santé, on fera comme Geneviève: on l'aimera de tout notre être et on s'émerveillera devant ses yeux plein de soleil comme tous les parents du monde."

11 mars 2010

Plantation d’arbres à dollars recherchée

J'ai passé toute la dernière semaine à me demander où était cachée la plantation d'arbres à dollars américains en Floride. Il y en a forcément une. Du moins, c'est la réflexion que je me suis passée après avoir passée sept jours dans la capitale de l'orange.

C'est lorsque j'ai payé 34,90 $US pour 2 hots dogs, une frite, une salade du jardin, un muffin aux bleuets et un jus de pommes que j'ai soufflé dans le creux de l'oreille de l'amoureux: «Que dirais-tu si on restait ici encore quelque temps, question de trouver où l'argent pousse? On se remplit les poches et on revient au Québec faire la belle vie.»

Nous étions au Musée Ringling, à Sarasota, dans le sud-ouest de l'état, à admirer les œuvres d'art de cette famille qui a fait fortune avec un cirque au début du siècle quand mon estomac s'est mis à hurler. Pis une femme enceinte qui a faim, de un, on n'obstine pas ça. De deux, on s'empresse de nourrir ça. Alors, direction petit café de l'endroit, où, m'assure-t-on, je trouverai quelque chose à me mettre sous la dent et qui remplira également les bedons de mes deux rejetons qui n'avaient nullement envie de manger les barres tendres que je tentais de leur refiler.

Alors donc, je passe la commande pour ma petite famille. J'ai manqué m'étrangler quand la gentille caissière m'a demandé autant de billets verts pour un tel repas. J'entendais mon gérant de banque me remercier de ne pas avoir choisi le tartare de thon ou l'escalope de veau parmigiana.

Pourtant, ce n'était pas là une exception. Semble que ce soit la norme. La veille, nous étions à Busch Garden où on ne s'est pas gêné pour extraire 7,99 $US de mon portefeuille pour un repas pour enfant, qui constituait en une très petite portion de macaroni au fromage, un petit berlingot de lait et un biscuit aux brisures de chocolat. Multipliez le tout par deux, ajoutez-y deux repas pour adultes (on s'est éclaté: l'amoureux s'est payé un sandwich jambon-fromage et moi un chili) et vous aurez une facture qui frôlera les 50 $US. Pour un lunch là. Pour un simple dîner.

Suis-je peut-être radine. Gripsou. Séraphin sur les bords. Mais reste que j'étais épatée sans bon sens de voir tout le monde remplir son cabaret à rebord sans se soucier du montant qu'on leur demandera une fois rendue à la caisse. Alors qu'on nous avait demandé 80 $ par personne pour entrer sur le site! Si on sort la calculatrice et qu'on additionne tous ces montants, ça fait une journée qui coûte pas loin de la peau du …

Oui, ce sont des trucs hyper touristiques et qu'habituellement, on ne se gêne pas pour soulager notre carte de crédit dans ces endroits. Vous allez me dire que c'était la relâche au Québec, que ces visiteurs résident tous ailleurs qu'en terre étatsunienne. Mais non.

«Chéri, sont pas en récession les Américains? Sont pas censés être au bord de la faillite? Sont pas supposés crouler sous les dettes? Avoir tous perdu leur maison? Mais comment ça se fait que le stationnement du parc d'amusement soit rempli à craquer d'autos immatriculées en Floride et qu'on fait la queue dans les magasins de souvenirs? Dis-moi chéri, ils le prennent où, leur fric? Moi aussi je veux savoir! Moi aussi je veux pouvoir remplir mon cabaret bien plein!»

On n'a pas trouvé. Ni au Musée de Dali où on nous a demandé 17 $US par personne pour admirer les œuvres du célèbre peintre espagnol. Ni à Disney où il fallait débourser 85 $US par personne pour s'imprégner de cette fameuse magie dont on parle tant.

Je n'ai pas réussi à trouver où se cachait leur coffre aux trésors. Mais je peux vous dire, par contre, que le mien est vide en sale… Je jonglais avec ces réflexions, hier, alors que je constatais l'ampleur des dégâts sur le site internet de ma banque quand Filou est entrée dans le salon: «Tu sais maman, je pensais à ça tantôt et je me disais que c'était vraiment la plus belle semaine de ma vie que nous avons eue en Floride. Merci beaucoup beaucoup beaucoup!»

Pendant que j'essuyais la bave qui était restée sur ma joue suite à son bec (très) mouillé, j'ai fermé l'écran de mon ordi en me disant que les souvenirs que nous nous étions créés, la semaine dernière, valaient bien tous ces dollars disparus de mon compte chèque.