01 novembre 2010

Trois enfants, trois façons de faire

À Maxim, ma grande de 12 ans, je stérilisais tout tout tout cinq à six fois par jour. La suce tombait par terre? Hop! Un petit tour dans le chaudron d'eau bouillante pour 20 minutes bien chronométrées sur ma montre Timex.

Je lavais ses vêtements à l'eau chaude. Je désinfectais sa chambre à l'eau de Javel tous les jours. Je mettais des gants de latex pour changer ses couches. Et dès que j'avais le moindre de doute que peut-être que j'avais été en contact avec quelqu'un qui avait peut-être un tout petit début de rhume de rien du tout, je me foutais un masque sur le nez. Tout était tellement exempt de bactérie chez moi que je me retenais à deux mains pour ne pas plonger mes visiteurs dans le stérilisateur (c'était bien avant l'époque du gel aseptisant).

J'avais une peur bleue que mon bébé choppe une rougeole, une rubéole, une encéphalite aigüe ou même une myocardie. J'avais fait du combat contre les bibittes potentiellement porteuses de maladies mortelles une priorité. Si Maxim était née à l'ère de la H1N1, je n'aurais pas survécu ou bien j'aurais passé l'hiver complet cloîtrée dans le fond de mon sous-sol à prier tous les saints et à faire la danse du "Dehors la maladie".

À Filou, trois ans plus tard, mes ardeurs de terroriste de la bactérie s'étaient calmées un brin. Je ne la voyais plus partout et j'acceptais de sortir avec ma nouvelle progéniture sans m'imaginer que toutes les maladies du monde n'avaient qu'une seule envie: attaquer mon bébé. J'étais rendue tellement game que je ne piquais plus de crise d'hystérie quand les madames au Carrefour se jetaient sur mon carosse en s'extasiant d'admiration devant le plus beau bébé du monde qu'était le mien. Donc, quand la suce tombait par terre, je la passais tout simplement sous l'eau chaude du robinet et à chaque semaine, je me permettais de stériliser le tout dans l'eau bouillante.

Là? Avec ma dernière... Euh... Est-ce qu'un tour dans le lave-vaisselle, ça fonctionne pour la stérilisation? Est-ce que c'est correct si je mets la suce dans ma bouche pour la nettoyer lorsqu'elle tombe sur le sol? Il me semble que ce n'est pas si grave si elle rampe par terre et que le plancher n'a pas été lavé depuis la semaine passée, hein? Croyez-vous que je suis une mauvaise mère si je fais mes brassées de pyj et de cache-couches à l'eau froide? Pis le Weendex pour l'époussetage, c'est bon, non?

À Max, dès qu'elle faisait un pet, je courrais l'inscrire dans son livre de bébé. Tout y était noté bien religieusement. Je peux vous dire, par exemple, que son nombril est tombé à dix jours, le 7 juillet 1998, à 14 h, tout juste à la sortie du bain dans lequel je l'avais lavée avec du savon Aveeno et que je l'avais essuyée avec une serviette verte à capuchon qui avait le design d'une grenouille. Par la suite, j'ai pris son petit nombril et je l'ai inséré dans un petit sac de plastique et j'ai bien collé le tout à la page 8 de son livre.

À Filou, j'ai été pas mal moins assidue. J'y ai inscris les moments clés: première tétée, première nuit complète, premier mot, premiers pas. Me suis pas rendue au premier anniversaire.

Hum... Le livre de Samuelle (vous avais-je dit le prénom de ma troisième?) est toujours dans sa bibliothèque. J'ai bien l'intention d'y inscrire des trucs, mais j'oublie toujours de le faire. En attendant, je note tout mentalement. «Chéri, c'est quand donc que Sam a souri pour la première fois?»

Je suis maman trois fois. Mais être mère, ce n'est pas une simple recette de crêpes que l'on répète invariablement de dimanche en dimanche.

Les choses changent. On apprend. On constate.

On se rend compte que même si on stérilise huit fois par jour la suce de notre poupon, il peut quand même attraper une brochiolite. Que c'est beaucoup plus important de jouer avec nos loulous que de passer ce précieux temps à astiquer le bois franc de peur qu'ils avalent une poussière. Pis j'aime bien mieux passer mes après-midis avec mon bébé à la bercer tout en lui lisant une histoire plutôt que de perdre ces précieuses heures à inscrire des dates dans un livre que, de toute façon, jamais on ne consultera.

Les temps changent. Pour le mieux.

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