19 juin 2007

J'en ai ma claque!



Vraiment je commence à en avoir ma claque.
Ils me tapent tellement sur le système, vous n’avez pas idée. Dès que j’entends leur voix, je grince des dents, je tape du pied, je soupire.
Si par malheur, je croise leur regard, je lève les yeux au plafond, je bougonne, j’hurle mon indignation.
Je soupire de désolation quand mes collègues de bureau s’émerveillent devant leur dernière prestation. Je me sauve en courant quand je vois apparaître sur mon écran ces personnages aux allures hirsutes.
Je déteste les Têtes à claques. Incontestablement. Hors de tout doute raisonnable.
Je ne trouve pas drôle leurs répliques. Je m’emmerde devant leurs dialogues.
Je sens, par contre, que je suis pas mal toute seule dans ma bande. Suis-je une espèce en voie d’extinction? Peut-être devrait-on m’enfermer dans un zoo où des milliers de Québécois pourraient m’observer!
Au début, j’avoue que j’ai été impressionnée par le phénomène. Parce que l’on doit parler ici de véritable phénomène. À moins qu’un profond coma vous empêche de vous ruer sur Internet pour vivre leurs aventures, vous connaissez les quelques personnages animés qui font mourir de rire des millions de francophones à travers le monde.
J’admets avoir été charmée quand Filou m’a dit : « Je veux des Pop Tarts! » Mais le charme n’a pas opéré longtemps. Rapidement, j’ai flushé l’adresse du site de notre liste de favoris!
La première fois qu’on m’a appelée « Ti-papoutes », j’ai ris. Mais plus maintenant. Trop c’est comme pas assez. À trop embrasser, on mal étreint que l’on dit non?
Mais là, de voir mes collègues de bureau massés devant un ordi, jour après jour, à rigoler devant les nouvelles niaiseries de cette bande d’insignifiants, ça m’énerve. Fini l’époque où l’on perdait notre temps devant la machine à café à potiner sur les dernières conquêtes d’un tel ou l’époque où nous analysions les agissements d’un tel politicien. C’est une époque révolue. Maintenant, on imite le dernier sketch de ces personnages aux dents de cheval et on se bidonne. Quelle avancée sociétale!
Est-ce ça le 21e siècle?
Si ce n’était que les histoires de Raoul ou de Johny Boy diffusées sur le Net, mes nerfs pourraient sûrement le supporter. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas. Cash oblige.
Car maintenant, les 2,2 millions de Québécois qui suivent les « palpitantes » histoires de l’Oncle Tom chaque mois peuvent dorénavant se rassasier devant leur cellulaire qui diffusent depuis peu leurs capsules.
Ils peuvent les entendre dans les pubs de Bell à la télé à défaut de les voir dans une véritable info-pub où l’on pourrait acheter l’un de ces super Willie Waller 2006. Mince consolation?
Ce n’est pas assez semble-t-il, parce que maintenant on peut boire de la liqueur Têtes à claques. « Moi aussi, moi aussi », j’en veux. Je n’ai pas envie de voir le crème soda à Monique ou l’orangeade à Raoul sur ma table de salle à manger! Pour votre information, on espère vendre 600 000 unités de ces boissons cet été seulement!
Kellogs a même récupéré le succès en organisant un concours où le gagnant sera approvisionné en Pop Tarts pendant un an… Et c’est sans compter le DVD qui sera disponible à mettre sous les sapins à Noël prochain.
Depuis quelques jours, je vois des t-shirts d’un orange douteux illustrés des TAC se promener sur des corps d’enfants, d’ados, mais surtout d’adultes!
Le comble? Ce restaurant de sushis sherbrookois qui imite la voix des TAC dans leur pub radio. « En veux-tu des sushis? » Ridicule!
Ils valent peut-être 12 millions de dollars (selon l’estimation de la société Advisio), mais selon moi si on persiste à nous inonder l’esprit de la présence des TAC, la compagnie aux yeux globuleux ne vaudra plus rien bientôt… Et c’est mes nerfs qui seront ravis.

11 juin 2007

Le radar à morons

Les prochaines lignes sont tirées d’une conversation que j’ai eue dernièrement avec une copine. La fille en question vient tout juste de rajouter une nouvelle case à son agenda déjà sensiblement rempli : David.
Un blind date qui a fonctionné. Il paraît que ça arrive. Ici, c’est le cas. Le mec en question plaît énormément à mon amie. Et ça semble réciproque. Alors, ils se courriellent, s’envoient des textos, se téléphonent parfois. Les nouveaux amoureux vont au resto, au cinoche, font de la moto. Ils prennent de longues marches et se racontent leur vie dix fois. Les trucs usuels en début de relation.
Elle a les yeux qui pétillent. Il a le sourire facile. Elle rougit à chaque regard qu’il pose sur elle. Il aime la faire rougir. Elle fait le saut chaque fois que son cellulaire sonne. Il vit avec des papillons au ventre depuis qu’ils ont partagé leur premier déjeuner. Ils sont adorables quoi.
Mais ça, c’est ce que l’on voit en apparence. Quand on met nos lunettes chercheuses de problèmes, on voit que ça cloche. C’est que la copine ne s’investit pas vraiment, ne se laisse pas aller. Elle a construit une immense barrière infranchissable entre lui et elle. « Pas question qu’il me fasse de la peine lui! »
Ouf.
Pourtant, il lui plaît. Il est ce qu’elle recherche. La copine croit que David est ce qu’elle a toujours attendu. « J’ai peur de me laisser aller. Qu’il me juge. J’ai peur qu’après le tout-beau-tout-neuf des débuts, que je m’aperçoive qu’il est manipulateur, jaloux, contrôlant, alcoolique, joueur compulsif, infidèle et quoi encore? J’ai peur! »
Inquiétude maudite!
Je lui ai donc parlé du radar à morons. Ou du détecteur d’épais. Un truc qui n’est recensé dans aucune encyclopédie médicale. Un merveilleux outil qu’il est impossible d’acheter des Rona. Mais qui vient avec notre naissance en même temps que notre bagage génétique. Il est là. En dedans de nous. Il suffit de l’utiliser. Notre radar à morons n’attend que ça que de rendre service.
« Pense-y comme il faut. À chaque fois que tu as croisé un moron sur ta route, qu’un épais a voulu entrer dans ta vie, tu lui as fermé la porte au nez. Ton radar t’avait averti. Tu l’as écouté et tu es passé au dossier suivant. Pourquoi la panique maintenant? »
La grande question!
Elle a réfléchit quelques jours. Le téléphone a sonné hier. C’est la copine qui m’annonçait que j’avais raison. Qu’elle était bien habile dans l’utilisation du radar à moron. Elle l’a mis en marche pendant la semaine.
Il n’a pas sonné. La lumière rouge ne s’est jamais allumée. Rien. Son détecteur à crétin a démontré que tout était sous contrôle. Elle lui a fait confiance et aujourd’hui, ils coulent des jours heureux. Peut-être irons-nous aux noces avant longtemps.

04 juin 2007

Voici Proulxville!




Voici Proulxville.
Pour l’instant, je l’admets, on n’y voit pas grand-chose. Ce n’est pas qu’un tas de terre et de roches. C’est très gros ce qu’on peut y voir. C’est gigantesque même! Usez de votre imagination. Faites aller vos méninges. Vous verrez, vous y trouverez un petit royaume.

Au départ, Ce n’était qu’une boutade envoyée à mes sœurs en février. Une plaisanterie qui nous faisait rêver.
Puis mes parents ont embarqué dans le projet. Et c’est devenu plus sérieux. Le projet, qui a pour nom de code « Proulxville », a véritablement pris forme lorsque la banque nous a faxé notre approbation hypothécaire. C’était chose faite. Nous pouvions construire notre quadruplex familial.
On a tous mis des pancartes à vendre devant nos maisons. On s’est croisé les doigts. On a prié. On a fait bruler des lampions. On a frotté des ti-pattes de lapin. Pis on a tous lu Le Secret d’une couverture à l’autre.
Ça fonctionné!
Mon jumelé a trouvé preneur en moins de dix minutes! Oui oui! Une simple petite annonce sur le Net et un seul visiteur et voilà que ma maison était vendue. Ouf! La première étape était franchie. Nous étions lancés!
Quelques semaines plus tard, c’était au tour de ma sœur d’accepter une offre d’achat. Voilà toutes les conditions exigées par la banque étaient remplies. Nous pouvions acheter notre pelle pour procéder à notre première pelletée de terre officielle!
En attendant que notre future demeure prenne forme, je fais des boîtes, des boîtes et des boîtes. Ce qu’on peut en accumuler de la cochonnerie en dix ans! À mettre ma vie comme ça dans des cartons, je vous garantie que je passe par toute une gamme d’émotions.
En paquetant les vêtements des filles, je suis tombée sur le pyjama que Filou portait le jour où elle est arrivée dans sa maison, et j’ai le cœur serré de la voir si grande maintenant. En vidant le meuble du salon, j’ai regardé les albums photos qui me rappellent les nombreuses couleurs qui ont couvert les murs de la cuisine : de l’orange Crush, du jaune Rona, du bleu nuit, du bourgogne, du beige, du rouge sangria. Ça me fait vraiment rire de penser qu’un jour, j’ai vraiment aimé le orange Crush! Ouf!
Quand j’ai vidé la garde-robe où se trouvent tous mes outils, je me suis rappelé les bons moments passés avec mon père à rénover cette maison. Maintenant, je sais manier un pistolet à clous, une scie à onglet. Je sais installer du plancher flottant et de la céramique. Je suis quand même fière de tout ce boulot que nous avons abattu ensemble.
Mais maintenant, il est temps d’avancer. De passer à autre chose. De regarder bien en avant. De ne plus regretter le passé. Parce que dans un avenir pas si lointain, dans trois mois pile poil, Proulxville sera beaucoup plus qu’un poulailler où mon père aura toutes ses poules autour de lui. Notre basse-cour fera des petits et d’ici quelques années, chaque membre de la tribu Proulx aura son propre quadruplex.
Et à tous ceux qui nous questionnent à savoir si c’est un véritable projet que Proulxville. Oui c’est vrai! On appelle ça la force de l’union!